Mardi 5 juillet

« PHILOSOPHES D'AFRIQUE, PENSEURS DU MONDE »

Une série réalisée par Laurent Correau et Florence Morice
Le dimanche à 7h46, 9h50 et 14h51, du 10 juillet au 4 septembre
Format :  9 x 4 minutes. Et en version longue en podcast

Série disponible sur demande

 

Tout cet été, RFI suit les chemins de la pensée philosophique africaine contemporaine. Dans une série de neuf portraits, la radio du monde invite à la rencontre de penseurs d’Afrique et de la diaspora qui aident à comprendre le monde contemporain. Dans la plupart des cas les penseurs eux-mêmes racontent leur cheminement intellectuel. On entend également dans cette série les explications d’universitaires qui ont étudié leurs textes. Ces portraits invitent à traverser les frontières géographiques et disciplinaires pour saisir les dialogues en cours dans le monde des idées.

Pour citer Achille Mbembe et Felwine Sarr, deux des penseurs invités dans cette série :
« Dans les Suds du monde, des voix neuves et originales s’élèvent et tentent de prendre en charge une pensée de notre terre commune, dans des termes et catégories éminemment nouveaux. Par ailleurs, une évidence peut-être pas encore suffisamment manifeste dans le vacarme des jours, mais tout à fait inéluctable, petit à petit s’impose : l’Afrique n’est pas seulement le lieu où se joue une partie de l’avenir de la planète. Elle est l’un des grands laboratoires d’où émergent des formes inédites de la vie sociale, économique, politique, culturelle et artistique d’aujourd’hui. »

Au programme

Dimanche 10 juillet : PAULIN HOUNTONDJI, philosophe béninois né en 1942.
C’est l’un des pères fondateurs de la philosophie africaine moderne. Son ouvrage Sur la ‘’philosophie africaine’’ : critique de l’ethnophilosophie (1976) a amplement contribué à clarifier le débat sur ce qu’était la philosophie africaine en l’affranchissant d’un regard colonial qui la résumait à un ensemble de croyances de type mythologique. Paulin Hountondji s’est également intéressé à ce qui pouvait fonder une science africaine en travaillant sur les savoirs endogènes. Il a développé une philosophie de l’engagement et a travaillé sur l’universel.

Dimanche 17 juillet : NGUGI WA THIONG’O, penseur kenyan né en 1938.
Romancier et théoricien post-colonial, il est notamment l’auteur d’un essai majeur paru en 1986, Décoloniser l’Esprit. Dans cet ouvrage, véritable plaidoyer en faveur des langues et cultures africaines, il analyse la violence et « l’asservissement mental » qu’a représenté l’imposition des langues européennes dans les sociétés coloniales. Dans ses romans, et à travers son théâtre, Ngugi Wa Thiong’o, développe une critique virulente de la bourgeoisie issue des indépendances africaines et de l’oppression des classes ouvrières africaines. Influencé par la pensée marxiste et Franz Fanon, il est aussi un penseur du panafricanisme et de l’émancipation de l’Afrique. Dans Pour une Afrique Libre (2017), il développe des thèmes qui lui sont chers : la nécessité de l’estime de soi chez les Africains ; le rapport de l’écrivain africain à sa ou ses langues ; l’héritage de l’esclavage ou l’écriture comme instrument de paix et d’émancipation des peuples.   

Dimanche 24 juillet : VALENTIN YVES MUDIMBE, philosophe congolais (RDC) né en 1941.
Son œuvre a déconstruit le regard de l’occident sur l’Afrique, notamment dans The invention of Africa (1988), ouvrage qui est devenu un classique des études africaines. Mudimbe a forgé le concept de « bibliothèque coloniale », un ensemble de textes, de discours et de récits sur lesquels s’est construite l’image de l’Afrique. Il défend le principe d’un savoir africain au travers du principe de la « gnose » et défend une forme d’indiscipline intellectuelle.

Dimanche 31 juillet : SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, philosophe né au Sénégal en 1955.
Sa pensée, très éclectique, embrasse des domaines aussi variés que la logique, la philosophie des sciences, la philosophie islamique, la philosophie africaine. Penseur humaniste des XXe et XXIe siècle, Souleymane Bachir Diagne réexplore l’idée d’un « universel latéral » proposée par Merleau-Ponty. Il défend la traduction comme outil important de cette co-construction de l’universel. Il est notamment l’auteur de Léopold Sédar Senghor : l’art africain comme philosophie (2007) ou de Comment philosopher en Islam (2008).

Dimanche 7 août : JEAN-GODEFROY BIDIMA est un philosophe né au Cameroun en 1958.
Il s’intéresse aux marges et au mouvement. Il a pensé toute une philosophie de la traversée et s’est intéressé à la palabre comme lieu du politique. Son œuvre dialogue avec la théorie critique de l'école de Francfort. Il travaille également sur l’art des sans espoirs et élabore une théorie critique du regard. Jean-Godefroy Bidima a notamment publié Théorie critique et modernité négro-africaine (1993) et La palabre, une juridiction de la parole (1997).  

Dimanche 14 août : ACHILLE MBEMBE, penseur né au Cameroun en 1957.
Après avoir travaillé sur l’histoire du maquis indépendantiste camerounais, il entre dans une démarche plus théorique à partir de 2000 avec la publication d’un essai qui est devenu un classique, De la postcolonie. Ses textes combinent travail sur la langue et culture de concepts neufs comme la nécropolitique et le brutalisme. Au fil de son œuvre, Mbembé s’intéresse aussi à de nouvelles thématiques. Il s’est notamment penché sur l’habitabilité de la planète.       

Dimanche 21 août : SELOUA LUSTE BOULBINA, philosophe franco-algérienne née en 1957.
Son travail cherche en quoi consiste la décolonisation dans ses multiples aspects, sous l’angle des subjectivités et sous l’angle des savoirs. Elle invite à penser la période coloniale au travers du concept de colonie plutôt que de colonisation. Elle cherche à intégrer, en tant que philosophe, la dimension de l’inconscient dans le regard sur le passé. Elle est persuadée que les artistes peuvent contribuer à la décontamination du passé. Seloua Luste Boulbina a notamment publié Le Singe de Kafka et autres propos sur la colonie (2008), et L'Afrique et ses fantômes : Écrire l'après (2015).

Dimanche 28 août : FELWINE SARR, philosophe, économiste, écrivain et musicien né en 1972 au Sénégal.
Felwine Sarr appelle l’Afrique à sortir des modèles imposés et à penser de nouvelles utopies. Il critique le modèle classique du développement. Un texte théorique ressort de son œuvre, Afrotopia, publié en 2016. Felwine Sarr est aussi auteur de théâtre (dans Traces, il interpelle la jeunesse africaine) et chanteur.   


Dimanche 4 septembre : NADIA YALA KISUKIDI, philosophe née en 1978 en Belgique.
Elle pense à partir de sa situation de membre de la diaspora. Elle a travaillé sur les mondes noirs, les utopies produites en Afrique, la place des femmes dans les décolonisations et relit les auteurs de la négritude. Elle défend la place, dans le champ intellectuel, des travaux philosophiques venus d’Afrique et de la diaspora. Sa pensée défend le principe d’une Laetitia africana, d’une joie africaine, comme forme de résistance à la mélancolie théorique présente dans une partie des textes post-coloniaux. Elle est l’auteur de Bergson ou l’humanité créatrice, mais aussi de nombreux articles et chapitres d’ouvrage. Elle a préfacé la traduction française de l’Atlantique noire de Paul Gilroy et une nouvelle édition du livre d’Achille Mbembé De La Postcolonie

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